La mer est sans routes, la mer est sans explications.

La mer... Entité indomptable. Tant de gens se vantent de la connaître et pourtant si peu disent vrai. Ce jour-ci, l'océan était paisible, et sur la plage de sable fin l'air maritime était doux. Ce n'était encore que l'aube, le soleil venait d'apparaître à l'est, se levant paresseusement. Ses rayons faisaient briller la mer et paraient le paysage de milles couleurs chatoyantes.
Un oiseau des mers longea la plage en volant, appelant ses congénères. Il passa si rapidement qu'il ne distingua que très peu les traces de pas sur le sable. Deux paires de traces. Des pas d'humains et de loup...

Un doux alizé vint caresser le visage d'une jeune femme. Cette dernière était sobrement vêtue mais son pauvre habit n'enlevait rien à sa beauté. Une longue chevelure sombre comme la nuit coulait sur son corps telle une cascade d'encre, elle avait un port de reine et une allure aussi gracieuse qu'une danseuse, pourtant on sent courir sous sa peau blanchâtre des muscles fins mais puissants. Elle possédaient un visage très fin, ses yeux étaient d'un gris de lune et brillaient comme des étoiles, sous sa cascade de cheveux on distinguait deux oreilles finement pointues qui révélaient sa nature. A ses côtés, un loup aussi sombre que les cheveux de sa compagne de coeur. Son regard, plus profond et plus incertain que celui de la jeune femme était mordoré. Son corps respirait la puissance et la santé. L'elfe posa sa main sur la tête de son ami, appréciant la douceur du poil.

~ Iilenö... Pourquoi c'est arrivé si vite ? ~

La douleur et la tristesse ravageait le coeur de la jeune femme, le lacérant à coup de griffes. Les pensées et les souvenirs se bousculaient dans l'esprit de l'elfe, des conversations lui revenaient en tête, des images... des gens... son père... La jeune femme étouffa un sanglot, elle sentait son coeur se déchirait, les larmes ruisselaient sur son doux visage. Cependant elle restait là, debout face à la mer, observant un splendide lever de soleil. Le loup frotta sa tête contre elle, lui murmurant des paroles de réconfort.

« Je ne peux pas vivre sans lui, c'est trop dur ! »

Petit à petit le chagrin laissa place à la colère, son père était mort car personne n'avait arrêté le geste de l'assassin. Personne. La rage monta en elle, parcourant son corps en la faisant frissonner. Elle leva la tête vers les cieux et hurla toute sa fureur:

« Quel dieu permet cela sans broncher ? Quel dieu laisse le meurtre diriger le monde ? »

Iilenö posa sa patte sur elle, en grondant. Elle tourna un regard incendiaire vers lui et lui demanda d'une voix acerbe:

~ Quoi ? ~

~ N'insulte pas les dieux. Contrôle tes émotions, elles ne doivent pas prendre le dessus. ~

La jeune elfe inspira à fond, laissant les paroles de son Kyrki la pénétrer au plus profond de son âme. La raison prit le dessus et l'elfe sanglota:

« Pardonnez-moi ! »

La jeune femme s'asseya sur le sable, le loup l'imita, les yeux de l'elfe se perdirent dans la mer. Elle fixait sans la voir. Iilenö, lui, priait les dieux de leur venir en aide.

Alors que la lune s'éclipsait des cieux afin de laisser renaître le soleil comme à chaque matin, un feu s'alluma au loin sur les berges Est. Bien que très éloignées, les flammes grandissantes de ce feu laissaient imaginer une forme ailée de grande taille planant au dessus du sable fin de la plage, celui-ci se faisant souffler par le battement d'aile de l'oiseau de feu. S'élevant un peu plus dans les airs, l'antitée ailée laissa un court mais puissant glatit annoncer son apparition au même moment où les rayons du soleil vint frappé le monde de leur chaleur. Fidèle à sa nature majestueuse et représentative de l'astre de feu qui s'éveillait elle aussi dans le ciel matinal, il écarta ses ailes en demi cercle audessus de sa tête avant d'aller se reposer au sol, tout prêt de son compagnon humain.

Passant sa main dans l'emplumage enflammé de son kyrki et fixant de ses yeux orangé la beauté et le charisme que dégageait celui-ci, il ne peut s'empêcher d'esquisser un léger sourire en coin. Ce qui était rare de sa part. Depuis le tragique évennement, le sourire et le bonheur lui avait été enlever mais pas la vie paraissait-il. Pourquoi continuer de vivre alors si le monde n'était que brume et déchéance psychologique? Lui même ne le savait pas mais tentait de retrouver une certaine rédemption dans l'acte de bienfaisance et de protection.

"Je me demande, Kratos, si c'était la solution."

Cette simple phrase, prononcé sur ce ton mélancolique qu'était propre à Claddurden, eut effet d'élever un lourd silence entre les deux confrères. Ce n'est qu'après un long moment, après avoir reprit une forme moins flamboyante, que le fénix regarda son maitre avec compassion.

~Teb...si je ne te connaîtrais pas, je pourrais croire que tu es suicidaire. Cet acte, aussi cruel et impulsive fut-elle, eut raison d'être. Je ne dis pas là que c'était ce qu'il fallait faire mais que n'importe qui aurait fait ce que tu as fais~

"Peut-être as-tu raison...mais je ne cesse de m'en vouloir en un sens. Bien que ce fut...un accident."

Cessant la discution sur ces paroles, l'homme continua d'entammer le pas sur ce sol à la fois moelleux et granuleux. Arrêtant à plusieurs reprises afin de tremper le bout de ses doigts dans l'eau et de reprendre la route, il en arriva même à se demander si son malaise avec l'eau lui était causé par le lien étroit qu'il vivait avec son Kyrki. Bien que le feu du fénix ne pouvait être éteindre par l'eau, il savait que Kratos n'aimait pas trop se tremper...tout comme lui.

~Biensur que c'est de ma faute mais tu te dois d'endurer ce suplice mon cher! De toute facon, ce n'est pas comme si sa te privais de prendre un bain.~

"Peut-être mais...je me demande ce que sa fait de nager dans cet immense étendue d'eau. Les enfants y trouvent un certain plaisir."

~Crois-moi, il n'y a riend e plaisant là-dedans. De plus, je crois que tu devrais cesser de rêvasser et plutôt remarquer que nous ne sommes pas seul à contempler la mer.~

"Oui...une femme et un loup. Surment son Kyrki et avec ta splendide pose de tout à l'heure, je crois que nous ne sommes pas passer inaperçu."

~Regarde là, la pauvre. Elle semble iradiée de tout bonheur. Sa te ressemble un peu tu ne trouve pas? Peut-être devrais-tu l'aider...~

"Aaah la ferme. Je ne suis pas si dépriment à voir tout de même..."

~Et encore...~

Cessant toute conversation entre eux-deux et se rapprochant de plus en plus des deux inconnus, Tebnoludar s'arrêta à quelques mètres d'eux, sachant très bien que le canin n'apprécirait pas qu'un étrangé entre dans son cercle protecteur.

"Peut-être vais-je parraître un peu cliché de vous le dire ainsi mais que fait une jeune femme comme vous ici...et ne me répondez pas que vous admirez le levé de soleil puisque je connais que trop bien ce regard."

Bien qu'ayant été un peu direct au début, l'air de l'homme et de son kyrki s'adoucit après un court moment de réflexion. Pendant un instant, cet homme de grande taille et aux cheveux de couleur neige eut l'impression de se voir dans le reflet d'un mirroir ou plutôt, de voir le reflet de sa mélancolie. S'assoyant à son tour sur le sable froid, il n'osa pas regarder la femme avant de reprendre la parole.

"Bien que je ne sois qu'un étrangé, je peux vous certifier que s'appuyer sur son propre sort de la sorte n'est pas une solution. L'amertume vous ronge de l'intérieur et il serait dommage de la laisser s'emparer de votre vie...qu'en pensez-vous?"

Iilenö n'avait cessé de parler à Novaïa, multipliant les paroles réconfortantes mais en vain. La jeune elfe restait inconsolable. Le loup noir sentait le désespoir le gagner à son tour lorsque, fixant le ciel ils aperçurent une boule de lumière se diriger vers eux. Novaïa s'en désinteressa bien vite, le monde s'écroulat autour d'elle. Où trouverait-elle la forcede vivre si son père l'avait abandonné ? La mort avait pris les deux êtres les plus chers à l'elfe, réveillant par deux fois la douleur que provoque la perte d'un être cher. Elle replongea dans son chagrin, cherchant à se noyer dedans pour échapper à la réalité dure et froide.
Le Maître Loup examinait avec attention la lumière se rapprocher. Arrivée à une certaine distance, alors qu'elle se posait il comprit enfin, ça n'était pas une boule de lumière mais un splendide phénix et sur son dos, un homme. Bien qu'ils soient loin Iilenö montra les crocs, qu'il remballa bien vite en apercevant le visage de l'homme. Il les laissa approcher pour la simple et bonne raison que cet homme avait le même regard que sa compagne, rempli de tristesse et de mélancolie... Il s'asseya et écouta avec attention, en détaillant le magnifique phénix, il n'avait jamais vu pareil créature.
Lorsque l'homme et le phénix se furent posés, l'elfe tressaillit. L'homme avait des cheveux aussi blancs que les siens étaient noirs. Bien qu'ils soient opposés presque en tout point, Novaïa croyait trouver en lui sa propre personne. En l'écoutant parler, la jeune elfe ne sut quoi répondre. Il avait parlé d'une voix qui semblait comprendre tout problème cependant Novaïa hésitait à se confier à lui, après tout ils ne se connaissaient même pas. Mais le fait que son Kyrki les ai laissé approcher n'était-il pas une preuve de leur bonne foi ? L'elfe aux longs cheveux couleur d'ébène réfléchit rapidement puis essayant de maitriser le tremblotement de sa voix elle déclara:

« Depuis quelques heures, la vie ne vaut plus la peine d'être vécu. J'ai perdu tout ce qui me restait. Je suis loin de mon peuple et voilà que je me confie à vous comme à un ami de longue date. Voyez-vous je viens de... »

Les mots moururent sur ses lèvres, incapable d'avouer à cet inconnu que son père venait de quitter ce monde et qu'elle n'avait donc plus aucune famille. Sa vue se brouilla, les larmes ruisselèrent sur son doux visage, elle les essuya avec rage. Comme elle devait paraître faible devant cet homme et son imposant phénix. Elle fusilla son loup du regard, lui reprochant de les avoir laissé approcher. Puis elle ramena ses genoux sous son menton et continua de laisser les larmes couler le long de ses pâles joues.
Iilenö ne souhaitait pas que l'homme et son probable Kyrki aient une mauvaise impression d'eux, il se chargea donc d'expliquer brièvement la situation au phénix.

~ Elle vient de perdre son père. C'était le dernier membre de sa famille. Je ne sais pas trop comment vous l'expliquer mais pour Novaïa, son père était intouchable. Quiconque se moquait de lui devait subir sa colère et la mienne avec. Et le voilà parti... ~

Le loup aurait tout donné pour faire revivre le père de Novaïa, voir sa soeur d'âme heureuse était son voeu le plus cher, son désir le plus profond. Le seigneur manquait aussi au Maître Loup qui adorait combattre avec Aldor, le léopard blanc, Kyrki du père de l'elfe. C'était impossible à présent.

Tragique histoire, répétition du passé. Il n'était donc pas le seul à se morfondre de la sorte, se laissant gagner par la déchéance et la solitude morale et spirituelle. Cependant, cette femme avait déja un point d'avance sur la voie de la guérison: elle pleurait les siens. Alors que son phénix lui expliquait la situation, les images du passé revinrent le hanter de toute leur grâce. Il se voyait encore derrière ce misérable buisson, pétrifié par l'horrible scène qui se déroulait sous ses yeux. Impuissant face à cette réaction de surprise et d'horreur puis finalement, ne trouver la force d'agir qu'au moment où la mort venait d'elle même chercher son dût.

N'osant toujours pas regarder l'elfe inconsolable, il leva les yeux vers les cieux, comme pour se demander ce qu'ils auraient s'ils étaient encore vivant. Il n'avait rien à lui proposer sinon de faire comme lui...fuire le passé et tenter de se pardonner en aidant autrui. Hélas, ce ne serait pas de la sorte qu'il réussirait à se pardonner ou à oublier ce qui s'était passé. Une seule chose, cependant, prouvait que Teb c'était mieux adapté à cette tristesse et il le remarqua au regard insécure et honteux que la femme lui porta avant d'abaissé la tête...

"Est-ce une faiblesse de ressentir un pareil sentiment envers un être cher? Qui, au monde, n'aura jamais pleuré qu'une seule fois dans sa vie? Allons, reprenez-vous et regardez plutôt autour de vous. Peut-être vous parait-il noir et sans vie mais il ne suffit que d'un pas vers l'avant afin de passer en travers de ce voile d'amertume. La tristesse qui rampe sous vos veines n'est qu'un mal inutile et ne fera que nuire à votre vie alors débarassez-vous en. Cessez de croire au moment de sa mort et croyez plutôt au moment de bonheur passez avec lui. Dites-vous qu'au moins, il aura apporté la joie pendant votre vie. Tout les enfants passent par là tôt ou tard dans leur vie. QUe ce soit plus ou moins horrible, nous passons tous par là."

Les paroles de l'étrangé, aussi véridique qu'étaient-elles, aurait pu en ébranlé plus d'un. Tant d'émotion lancées en une seule discution de quelques secondes à peinne. Tant de souvenir...de peur...mais tant de soulagement. Une larme vint même se montrer à l'oeil de l'inconnu, s'éffacant cependant dans un battement de paupière puis, il regarda enfin l'elfe avant de détourner le regard encore une fois.

"Ne suivez pas ce chemin d'ombre que j'ai moi-même emprunté. Bien qu'il soit tentant, ou obligeant...n'y passé pas même un pied ou vous souffrirez ainsi chaque jours de votre vie."

Sur ces paroles, l'oiseau de feu vint s'approcher de son maitre, frôllant le bout de ses plumes contre le bras de celui-ci. Jamais il n'avait vu Teb aussi attristé.

~Bien lancé...mais je crois que tes paroles étaient autant pour elle que pour toi...~

Ne sachant quoi répondre, il resta ainsi, regardant le sable de la plage sans même rien y penser, troublé par ses états d'âmes.

[...C'est beau. Sérieusement, tu as réussi à me faire pleurer. Je l'ai relu trois fois, les trois fois les larmes sont venues. C'est magnifique ce que tu écrit Teb, je pense chaqu'un de mes mots. :)]

Novaïa leva la tête vers cet inconnu qui se comportait si gentillement avec elle. Une larme roula sur sa joue se perdant dans ses longs cheveux, pour la première fois depuis la mort de son père un sourire s'étira sur ses lèvres minces.

~ Comme il a dû souffrir pour arriver à dire cela. Iilenö, ne peut-on rien faire pour lui ? ~

~ Parle-lui, c'est à ton tour maintenant. ~

L'elfe se releva, époussetant ses vêtements du sable qui s'y aggripait. Elle s'approcha de l'homme, elle le releva afin de le regarder dans les yeux. Novaïa se trouva en face de deux splendides yeux orangés, telle deux braises ardentes. Elle plongea son regard dans le sien et ayant retrouvé le calme elle lui dit d'une voix douce:

« Je... Merci infiniment. Grâce à vous, ma peine est déjà moins lourde. »

Soudain l'elfe se rappela qu'elle ne s'était pas présenté à lui. Elle s'empressa d'ajouter en souriant, les larmes ayant quasiment disparues de son visage.

« Mon nom est Novaïa, voici Iilenö. »

Le loup inclina la tête, il devait beaucoup à cet inconnu. Il avait sorti Novaïa de la tristesse alors que lui avait échoué. Une pointe de jalousie se montra, il la chassa. L'homme n'avait pas de mauvaise intention.

Choqué,ébranlé et même pétrifié par ses propres dire, l'homme ne savait plus trop quoi dire ni pensé. Un instant, il resta immobile, complètement perdu alors que Kratos le regardait, la tête baissé. Avait-il, lui aussi, retrouvé une parcelle du chemin qui le mènerait à sa "rédemption"?

Sentant de délicate main le saisir par les épaules et le relever, il alla poser ses yeux dans ceux de l'elfe, se sentant quelque peu honteux de ne pas être à la hauteur de ses propres paroles. Il écarta donc lentement les mains de celle-ci avant de reprendre son bâton d'argent et d'or qu'il avait laissé sur le sol. Peut-être parraissait-il impoli de se retourner alors que l'elfe remerciait sa bonne grâce et se présentait mais il fallait aussi comprendre la confusion qui règnait maintenant en son fort intérieur.

"Je...ce fut un plaisir d'empêcher quelqu'un de se perdre dans les limbes de la déchéance...ne me remercier pas pour ce que toute bonne personne aurait fait."

Faisant une courte pause pour essuyer le sable qui s'était amasser dans les courbes de la tête du baton, il se retourna vers son interlocutrice vers la suite puis s'inclina légèrement vers l'avant, semblant exécuter une courte révérence tout en prononçant son nom et celui de son compagnon flamboyant.

"Et voici Kratos. Père de tout phénix et mon éternel compagnon. Pour ce qui est de moi, Claddurden sera suffisant, mon prénom étant sans réel importance puisque oublié."

Se présentant tout en même temps que son "Maitre", l'oiseau de feu inclina légèrement la tête en guise de salutation.

» Explications : Hannoya