Journal d'Accorus, Chapitre 1 : Renaissance
Avez- vous déjà vu un beau feu de cheminée ne dégager aucune chaleur ? Un bourgeon de fleur rester figer ainsi pendant des semaines ? Imaginez- vous seulement ne plus sentir la brise douce du midi vous caresser la peau ? Ne plus entendre, même de près, le mélodieux son du ruissellement du fleuve, de la houle des vagues de la mer ? J'ai vu tout ça, je ne les pas imaginés, je les ai vécues. Le monde que m'a laissé mon père ressemblait à une toile figée dans le temps. Pas de vie, aucun bruit. Un lourd silence que seuls mes pas et ceux d'Elyanna pouvaient briser quand je me promenait dans les rues vides du village... C'était comme si les maîtres m'avaient abandonnée, moi et KyrKillion ! Et sans les maîtres la vie n'a plus raison d'être, si le monde est vide, alors l'existence aussi... Prophétie me manque, comme beaucoup de choses d'ailleurs, avec elle je pouvais rire et m'amuser. Si je lui parlais, elle m'écoutait. C'était mon amie, mais je suis consciente que si Yambe-Akka ne les avait pas convaincus, notre précieuse terre ne serait plus que poussière, même si cela impliquait leur départ...
Kyrkillion a souffert, et j'ai souffert avec lui.
Malgrè cela, je me suis appliquée à restaurer un peu ces ruines. J'ai reconstruit ma maison, j'avoue que les leçons de survie m'ont été indispensables. J'ai eu l'agréable surprise de voir les principaux bâtiments du village en état, seulement quelques fenêtres et portes cassées... Pendant presque un mois j'ai pris soin de chaque maison, j'ai surveillé toutes les fleurs et tous les arbres de cette nature endormie, j'ai guetté et cherché dans chaque recoin un mouvement, un bruit d'un autre être vivant. En vain.
Le matin du 1er jour du deuxième mois seule.
Quand j'ai ouvert les yeux et posé le pied par terre, Elyanna a posé le regard sur moi. J'ai su. A se moment la porte-fenêtre de ma chambre m'a semblé terriblement lointaine, j'ai couru l'interminable distance qui me séparait du balcon, trébuchant sur le sol, mes yeux étaient mouillés de larmes que j'essuyais d'un revers de manche en me relevant. D'une main tremblante j'ouvris la vitre, me précipitant dehors je faillis passer la barrière de fer, auquel cas je serais tombée dans la fontaine du jardin que j'entendais couler à présent...
Dès ma première inspiration, quelque chose a changé en moi, ou plutôt, quelque chose est revenu. Etant tout de même une demi-déesse j'ai depuis ma naissance, plusieurs dons. Ceux-ci en plus de mon don d'élémentaire de type feu m'avaient été retiré depuis un mois maintenant. Une fois sur mes deux pieds je compris ce qu'il se passait en moi : mon feu se rallumait, mes pouvoirs renaissaient de leurs cendres. Je me sentais vivante, enfin... Je n'était pas la seule, Elyanna aussi était revigorée, ses écailles couleurs braises étincelaient et ses yeux scintillaient sûrement autant que les miens devant ce vol d'oiseaux venant des forêts pour nous annoncer que la vie reprenait.
Sujet: Journal d'Accorus 
Dim 3 Mai - 17:35
