Near the river || LiiBRE

Dans les contrées lointaines de Kyrkillion, au delà du monde que vous connaissez, la Nuit était tombée. Enveloppant les terres d'un manteau noir, éclaboussé d'étoiles scintillantes. Malgré l'approche de la saison froide, les jours restaient ensoleillés et préservés de la monotonie des jours glaciaux. L'astre d'or remplissait pleinement sa tâche, réchauffant les terres et les coeurs. Mais, par de petits détails, l'approche de l'Hiver se faisait de plus en plus sentir.. Un arbre qui perd ses belles feuilles rousses et or, la température d'un lac qui se refroidit, le soir qui tombe plus vite... Mis bout à bout, ces détails insignifiants faisaient peur. Bientôt viendrait le temps du froid mordant, du vent glacial et mortel, de la famine... Dans votre monde, l'Hiver est peut-être synonyme de joie mais ici à Kyrkillion, il est appelé le Fléau Blanc. Ces temps-ci, il est sur toutes les bouches. Il est comme une malédiction éternelle, un sort lancé par le dieu de la Glace sur ce monde.

Le glougloutement du Fleuve résonne jusqu'aux Montagnes. Les étoiles se reflètent sur sa surface miroitante. Cela donnait une impression étrange, la largeur du fleuve était si grande qu'on croyait voir le ciel au complet. Une jeune femme et un loup, assis sur un bord de la rive se repaissaient de cette vision merveilleuse. Il était rare d'assister à un tel spectacle, la Nuit n'offrait pas souvent de si beaux trésors. Visiblement, nos deux compères s'étaient installés près du fleuve depuis quelques jours à en juger par leurs affaires, posées non loin d'eux. La femme avait de très longs cheveux d'un noir si profond qu'il rendait le plumage des corbeaux défraîchi. Assise, les jambes pendues au-dessus de l'eau tumultueuse, elle les balançait avec grâce en contemplant l'illusion d'une seconde voûte céleste. Couché juste à côté d'elle, un loup noir, lui aussi, de taille respectueuse la fixait avec un regard brillant de fierté. Leur conversation était inaudible, mais parlaient-ils vraiment ? Ils semblaient se comprendre et se connaître sur le bout des doigts ce qui, de ce fait, rendait toute discussion superficielle. Continuant leur dialogue muet, le rire de la jeune femme brisa soudain le silence. Un rayon de Lune accrocha l'éclat de son regard argent et le loup eut l'impression que sa compagne avait deux Lunes à la place des iris.

~ J'aime quand tu ris ainsi, Novaïa. ~

L'elfe eut une moue surprise puis se radoucit instantanément, ses yeux caressèrent ceux de son Kyrki.

~ Un de ces jours, je vais être tellement écarlate que j'exploserais de honte ! ~

Elle grimaça puis reporta son attention sur les rivages obscurs. Une de ses mains blanches était posée sur la patte du grand loup. Ce dernier suivit la trajectoire de son regard puis lui demanda.

~ A quoi penses-tu ? ~

~ Comme si tu ne l'avais pas deviné ! ~

La consternation se peignit sur le museau d'Iilenö.

~ Tu n'y penses pas ! Ca doit être glacial ! ~

~ Peut-être.. Mais mince Iil' je vais me baigner dans les cieux ! ~

~ Et tu crois y aller seule avec ça ? ~

Echangeant un regard de connivence, les deux complices sourirent puis Novaïa se redressa. Le loup l'imita. Ils avaient voyagé dans les terres pendant plusieurs semaines sans rencontrer personne, cela ne les étonnait pas trop. La saison dure arrivait et les Kyrkilliens préféraient sûrement la chaleur de leur foyer plutôt que la vigueur du froid de l'extérieur. Ce qui n'était pas le cas des deux âmes soeurs.

La jeune femme entreprit de se dévêtir, ne gardant que son pendentif d'enfance. Une fois nue, Novaïa s'approcha du bord de l'eau et tendit la jambe, trempant son orteil dans l'eau pour en connaître la température approximative. Elle le retira rapidement et planta ses bras contre sa poitrine, l'air vaguement crispée.

~ Ouh ! Ca va pas être chaud chaud.. ~

~ Je te l'avais dis.. ~

L'elfe lui tira la langue en riant puis entra doucement dans l'eau. Elle eut d'abord l'impression qu'un étau brûlant lui serrait le corps puis une fois complétement immergée, son corps se détendit et profita des bienfaits de l'eau glaciale. Un soupir d'aise s'échappa d'elle tandis que le loup la rejoignait prudemment.

~ Je me demande lequel des deux a l'air le plus frigorifié. ~

~ Toi sans aucun doute, regarde tes babines, tu trembles ! Sors si c'est trop froid, je t'en voudrais pas. ~

~ Laisse tomber, on se baigne dans le ciel à deux ou on se baigne pas du tout. ~

Novaïa se rapprocha de lui en nageant gracieusement et l'embrassa sur la truffe, ce à quoi le loup répondit par un lèche tendre sur la joue de l'elfe.

Uup

Me boudez pas les gens, je mords pas :héhé:

[ Je te boude pas moua <3]

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Et maintenant ? Il y avait tan de chose à faire, mais rien ne lui venait à l'esprit, la douceur du vent emportait avec lui toutes ses idées. La tête vide, Accorus pouvait beaucoup mieux de concentrer, réfléchir sur KyrKillion, à la vie qui l'habitait à présent, tout cela, la jeune déesse le sentait résonner au font d'elle même aussi bien qu'elle entendait le cœur de Kyrki-chirie battre à travers ses écailles, plonger elle aussi dans ses propres réflexions. L'image du Soleil levant s'imposa a elle, l'accueillant avec joie elle ressentit encore une fois une belle chaleur l'envahir, les rayons reflétaient sur sa peau...

Ses souvenirs se dissipèrent quand Elyanna se crispa, ou plutôt elle revenait à la réalité elle aussi. Survolant à présent le village elles s'y arrêtèrent acheter de quoi déjeuné puis reprenant leur vol aussitôt elle prient la direction du fleuve.

A quelque mètre du pont, elle déposa des offrandes destinées a Céleste, l'esprit du fleuve, de qui elle n'avait que peut de nouvelles ces temps ci puis entreprit de longer la rive. Le jour était bien là maintenant, le nuages menaçants de ce matin s'en étaient allés et le ciel bleu azur s'étendait jusqu'à l'horizon, le cour d'eau semblait luire tout en étant très calme. La semi-déesse prit le temps de l'admirer, comme elle prenait le temps de graver dans sa mémoire tous les jours passés ici, elle tenait à se souvenir de chaque détails quand elle y repenserait.

~ C'est ... vivant ... Il y a .... de la vie n'es ce pas ?
Tout KyrKillion vit a présent, Accorus ~

C'était une évidence qu'elle n'arrivait pas à réaliser, pourtant c'était vrais, KyrKillion vivait, la solitude avait laisser des traces ineffaçables et les réveillées était toujours aussi douloureux. Elyanna qui partageait cela avec sa maîtresse lui laissa quelque secondes de tranquillité pour se ressaisir puis le silence s'installa. La dragonne leva les oreilles, aux aguets, encore bouleversé par l'évidence elle-même, Accorus ne pouvait pas entendre les deux cœurs battrent à quelque pas de là.